Confidence

Dix ans d’attente

J’ai commencé le roman, auquel je travaille actuellement, il y a plus de dix ans. En juillet 2009, très exactement, donc avant ma transition. À l’époque, c’était un cri, un exutoire. Je n’en avais pas conscience. J’y déversais tout ce que je n’arrivais pas à dire, tous mes dénis, mes souffrances soigneusement enfouis. J’employais la première personne du singulier. Le JE de la confession, de la confidence. J’écrivais sans méthode, sans ligne directrice, sans intrigue définie. Je me heurtai rapidement à des impasses, j’abandonnai le projet et l’oubliai.

L’année dernière, ce premier jet ressurgit dans ma mémoire après la lecture, sur les conseils d’un ami, du livre d’Elizabeth Georges intitulé : Mes secrets d’écrivain. Cette lecture m’aida à comprendre toutes les difficultés auxquelles je m’étais confrontée pendant l’écriture de ce premier roman avorté et de celui publié en 2018 : Tu ne le diras à personne. Je voulais me racheter, me prouver à moi-même que j’étais capable de surmonter les obstacles et surtout de formaliser ma propre méthodologie. Celle qui me conviendrait le mieux et que je mettrais en application pour mes prochains projets

Ce nouveau roman servirait donc de laboratoire pour construire et développer une technique infaillible. Mais au-delà de ces aspects sur lesquels je reviendrais plus tard, je faisais face à une problématique majeure : celle du temps. Pas celui du roman, mais la longue période qui s’était écoulée depuis l’écriture de ce texte inaugural.

Car, en tentant de reprendre le fil de l’écriture, je prenais conscience que je n’étais plus en phase avec la motivation de cette création. Un décalage qui m’empêchait de m’investir tout entier. Comme si cette ébauche avait été écrite par quelqu’un d’autre. « De l’eau avait coulé sous les ponts », comme on dit. Je m’étais séparée, j’étais une femme dans toutes ses dimensions (physique, sociale et administrative), j’avais pris ma retraite, je m’étais mariée et installée à Sète. Dès lors comment aurais-je pu me reconnecter avec mes souffrances, mes dénis, mes angoisses de l’époque. Là aussi j’avais tourné la page.

Mais, paradoxalement, je dois vous avouer que j’ai éprouvé des difficultés à « faire mon deuil de ce livre ». Un défaut bien connu des écrivains : le narcissisme.

À très vite pour de nouvelles confidences.

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